[quête totem] zygnemataceae

Divine légende coulant à ses pieds, frissonnant dans ses oreilles. Il n'en remémorant souvenirs et pourtant il savait qu'on aimait fredonner chanson au sujet de l'eau claire. Mais cela faisait longtemps qu'il n'était redescendu, qu'il ne s'était laissé tomber. Il n'avait rien avalé, comme convenu, ni rêve, ni fables ni mets pour oublier la faim qui viendrait le saluer plus tard – il n'y pensait pas pour le moment. Pied s'enfonçant dans la mousse, yeux rivés sur le cristallin s'évanouissant depuis la source. Il n'y connaissait grand chose, ses branches transformées en algue ou autres artifices aquatiques aux allures vagues. Il souffla doucement sur ses doigts, ses pensées passantes, glissant dans le courant. Devrait-il y mettre les pieds ? Il s'y pencha seulement, observa à travers la substance aqueuse les restants de vie luttant, s'enfuyant au contact de son ombre tomba dans la source. Là-dessous il y subsistait un certain vert comme si ses branches se reflétaient encore à la surface, comme si la neige n'était encore tombée sans prévenir. Il ne l'aimait grandement, il ne la détestait pas : il devait encore couper ici et là quelques branchages mourant dans un dernier soupir d'hiver. On lui avait seulement pris son beau vert, les silhouettes dansantes d'un terre d'ombre brulée – celle où il ne mettait les pieds que rarement.

Il replia sa main, il fit les pas suffisant pour les voir : flottant à la surface, serrés les un contre les autres, les œufs. Mais encore n'y connaissait-il rien, mais encore n'aurait-il pu s'assurer qu'il s'agissait bien de là de l'objet de sa quête. Il observa simplement la forme des poissons glissants entre les branches des eaux. Les couleurs n'auraient pu le tromper mais son esprit se refusait de s'assurer de sa propre confiance. Il doute quelques instants et entreprit de compter ceux qu'il pouvait voir depuis là où il était. Idole se demandait encore ce qui aurait pu troubler la quiétude de cette pouponnière sinon le givre susurrant à ses oreilles.

Il avait cependant fauché suffisamment jusqu'ici. Il avait déjà pourtant déjà effacé assez de petits jusque là. Et Idole ne savait vraiment s'il devrait lutter contre la nature même, il aimait seulement la voir grandir et tomber inerte sans aide, sans autres formes d'artificiel.

C'est doux et paisible par ici n'est-ce pas? Si le froid est mordant et l'eau gelée, les alentours sont duveteux de poudreuse et de givre.

Mais dis moi... Qu'as-tu mis en guise de tenue pour venir jusqu'ici ? Car, j'ai l'impression que là-haut, quelque chose te tourne autour. Ce n'est pas très gros. Ca a de belles couleurs chaleureuses... Un martin-pêcheur ? Bah te v'la bien, mon lapin ! Ton zozio doit avoir l'estomac dans les griffes pour agir comme un faucon. T'es prêt ? Parce que moi j'pense qu'il va atterrir près de toi tout bientôt. Parce que, pour sûr qu'il a bien vu ce que tu faisais là ! L'est malin c'coquin.

Ceci dit... il est sans doute trop petit et faible pour briser la glace...

Un vague air de ressemblance : plumage aux notes similaires. Il ne nage pourtant pas dans le même environnement. Il n’en ferait pourtant qu’une bouchée. Idole frémit doucement, sans bouger de premier abord, pierre semble s’accrocher au temps. Il s’y décolle pourtant, un bras avant l’autre puis doucement les frissons le réaniment. Doit-il en avoir peur ? Lui qui aime ressentir le vertige ne saurait s’y accrocher. Il fuit. Il prend place dans les recoins d’une racine. Il pense semble qu’il n’est pas  homme à être péché, si maigre appât.  Devrait-il le laisser s’en prendre aux œufs pourtant ?Il n’ose prendre avis, lotis entre souche et sa mère nature, ses doigts accueillant les recoins de sa carcasse. Il ne peut aller plus loin. Il entend aux loin l’eau qui n’oserait montrer sa peur : elle ne réagit pas, ne crie pas.
« Qu’est-ce que tu fais-là ? »
Il marmonne, ne s’indigne pourtant pas. Simple question à laquelle il a déjà réponse : le froid mord, s’insurge même pour ceux qui possède plume. Et là où il le laisserait faire, là où il laisserait sa belle dame reprendre ses droits, il n’ose lui donner sa vie, caché en son sein. Il possède pourtant de quoi le faire fuir : entre ses doigts, au bout de son cou. Oui, roule-t-il encore entre son pouce et son médius pierre pouvant réfléchir le soleil lorsqu’il ne se meurt pour sa belle lune. Que faudrait-il faire ? Il n’en pas du genre à s’amouracher du danger, Idole. Il le fuit encore et encore. Il passera surement. Il quittera surement ses prunelles se mourant d’inquiétude.

Quel adorable Mini tu es ! Ta décision est sage même si peu téméraire. Le martin-pêcheur se pose au sol, proche de l'eau. Il inspecte le lieu où tu était précédemment, avant de retourner vers toi. Il t'a bien vu te cacher. Mais il ne t'approche pas. Il te regarde simplement.

A ton avis, il attend quoi ? Est-ce qu'il ferait pas un duel de regard par hasard ?!  

« Ils sont gelés. »
Il y jette un chaste coup d'œil. Une fois perché les oiseaux ne l'avaient jamais désintéressé. Une fois en sécurité, cela ne l'avait jamais perturbé ni gêné. Mais une fois pris dans l'étreinte de la terre, il voyait la chose d'un autre œil. Il finirait par se désintéresser. Il n'y avait rien de plus à espérer d'une telle situation tant pour l'animal que pour lui. Et il y glissa quelques mots comme pour assoiffer le relent de crainte qui s'y liait.
« Et il doit en avoir une vingtaine ; tu ne me laisses pas le temps de compter, va t'en. »
Aucune amertume ne s'y glisse. Il aimerait seulement s'échapper de la tâche confiée. Il n'en avait vu plus d'intérêt : sans doute ses habitudes en avaient plus, sans doute le rendait-il insensible à l'action qui en aurait fait battre le cœur de plus d'un. Il n'aime pas cela Idole, il n'aime être dérangé dans sa belle lassitude. Il la laisse la recouvrir, prendre son air sans se laisser étouffer. Ici, il en perdait de quoi respirer. Et il a horreur de cela.

Dernier regards.
« Qu'est-ce que tu veux ? »
Il hésite à se faire plus petit, plus grand : qu'est-ce qu'un simple instinct de survie ? Aucun geste n'accompagne les phrases émises, elles sont simples grognements, un signe d'alerte pourtant si faible.