Jour de marché | ft. Azalée Chantebrume

C'était tout de même incroyable, la chaleur que produisait le fourmillement des Minis. Même alors qu'il faisait tout blanc dehors et que la froide neige avait envahi l'habitat des petites gens, le Pain Creux était presque chaud tant il y avait foule. Evidemment, les flocons qui avaient réussi à se faufiler sous l'écorce s'étaient retrouvés déblayés bien avant l'heure du marché - mais Argile était certain que de toute manière, ils auraient fondu. Et, sans même prêter attention à la météo hivernale, les habitants de l'Arbre vaquaient à leurs occupations dans leur éternelle routine. Le marché était bondé et résonnait des voix des négociateurs. Pour autant, Petit Pas n'était nullement dérangé - le brouhaha, bien qu'indéniable, n'agressait pas ses oreilles. Il faut dire qu'on ne criait pas, car on n'avait rien à vendre, juste des choses à échanger.

Argile, lui, était aujourd'hui présent en tant que badaud. Il avait pourtant une petite échoppe à lui, loin là-bas sur le chapeau du champignon violet, où il troquait les graines et herbes qu'il avait en trop - mais il n'était pas de ce côté-là du comptoir cette fois-ci. Non, en ce jour, il était parti en mission de reconnaissance. Il avait absolument besoin de quoi rembourrer son lit. N'importe quel matériau ferait l'affaire - sauf qu'en plein hiver, la mousse avait pourri sur les arbres et les moineaux gardaient jalousement leur duvet. La mission s'annonçait donc difficile.

Il poussa un soupir, planté depuis dix bonnes minutes au milieu du marché, immobile, presque perdu, l'air morne et épuisé. Découragé d'avance, en vérité. Osant à peine amorcer un pas vers les champignons et - mon dieu ! - les horribles escaliers qu'il allait devoir gravir pour dénicher l'objet de sa quête. Le pauvre avait déjà envie de retourner au lierre qu'il faisait pousser sur sa maison et qui verdissait toujours autant malgré l'hiver.

S'il voulait réussir, il allait avoir besoin d'aide. Et de motivation.

Assoupie, Azalée était allongée sur une branche, haut dans les cimes. De doux songes parcourant ses rêves, rien ne pourrait la tirer de ceux-ci... Sauf peut-être une chute. Parce que oui, malencontreusement, elle bougea dans son sommeil, occasionnant de se positionner dans le vide. La traction du sol commençant alors à se faire, Azalée se réveilla en sursaut, sentant l'air jouer dans ses vêtements. Râlant, elle avisa un tas de feuille morte et fit pivoter son corps, atterrissant sans "trop" de dégâts dans celui-ci. Soupirant, elle s'assied en tailleur et, s'époussetant, regarda la ciel. La position de l'astre solaire lui indiquant alors l'heure qu'il était. Secouant la tête, elle ignora les quelques feuilles amoncelées à l'intérieur de sa longue chevelure et, se relevant, regarda les alentours.

Aucune menace dans un rayon de 15 km. Satisfaite de son observation, elle décida de flâner un peu, son heure de réveil ne servant alors à ne pas rester assied à ne rien faire. Déambulant entre les arbres, elle décida sur un coup de tête d'aller au marché. Peut-être réussirait-elle à trouver quelque chose afin de décorer l'intérieur de sa maison ? Azalée trouvait qu'elle manquait de charme, celle-ci étant vide sauf un pauvre cadre posé sur sa table de chevet. Grimaçant, elle se massa soudain la nuque, légèrement endolorie. Étirant ses épaules, elle marcha à petite foulée vers son but, laissant son regard errer ça et là, lui laissant totalement champ libre. Un mouvement au loin attira soudain son attention. Un mini aux cheveux noirs étaient devant les escaliers en train de se dandiner. Haussant un sourcil, Azalée se demanda s'il n'avait pas envie d'utiliser les toilettes... Puis ricana en se disant que celles-ci ne se trouvaient guère dans ce coin. Puis, son deuxième sourcil rejoint alors le premier lorsqu'elle reconnue vaguement le mini en question.

Argle, Aigle, Agie, Agile... Quelque chose comme ça. C'était, il lui semblait, un jardinier. En tout cas, elle le voyait souvent prendre soin des différentes plantes présentes dans le village. Soupirant, elle regarda le mini, le marché, le mini, le marché, le mini, amorça un pas vers le marché puis, prit de pitié, se dirigea finalement vers le mini. Un petit raclement de gorge plus tard, elle souffla doucement, légèrement mal à l'aise.

Bonjour, est-ce que tout va bien ? Tu as besoin d'aide pour quelque chose ? Je peux peut-être t'aider !

Hochant la tête pour confirmer ses dires, elle attendit patiemment la réponse du mini devant elle, se disant néanmoins que celui-ci devait être perdu... Et Azalée eut une moue légèrement peinée en se disant qu'elle ne pourrait guère l'aidée, ne connaissant absolument pas le marché.

HJ:

Argile restait toujours planté là, seul face à l'insurmontable épreuve du marché, jusqu'à ce que la Providence ait pitié de lui et lui envoie quelqu'un. Enfin, il sentit quelqu'un s'approcher de lui et l'aborder doucement, avec cette générosité propre aux Minis. On n'abandonnait pas quelqu'un dans le besoin - les petites gens étaient une grande famille, après tout !

- Bonjour, est-ce que tout va bien ? Tu as besoin d'aide pour quelque chose ? Je peux peut-être t'aider !

Il se retourna, et quel ne fut pas son soulagement de reconnaître la Chantebrume. Un soulagement et une gratitude qui ne se laissèrent pas voir sur son éternel visage impassible, mais qu'il ressentait pourtant pleinement. Malheureusement, son manque d'expressions faciales ne trahissait jamais ses émotions - c'est à peine si ses lèvres s'étirèrent en un doux sourire.

- Il me faudrait... commença-t-il de la voix lente si caractéristique à sa personne, avant de marquer une pause - presque pour reprendre son souffle - et de continuer : ... quelque chose pour... Nouvelle pause, cette fois pour prendre le temps de lever les mains et essayer de mimer quelque chose de cotonneux, un peu comme un enfant mimerait un nuage ou la toison d'un mouton. ... faire un matelas. Très doux. Confortable.

Loin de lui l'idée de faire faire à Azalée ses courses - même si ça irait sans doute beaucoup plus vite comme ça -, alors il amorça un pas vers le cœur du marché pour bien faire comprendre ses intentions.

- J'ai de quoi troquer. Mais... Il leva les yeux vers les escaliers qui menaient aux champignons en hauteur, et ne put réprimer un soupir défaitiste. ... je pense qu'il faudra monter. Inutile d'expliquer en quoi c'était un problème pour lui : tout le monde à l'Arbre le connaissait assez bien, ne serait-ce que de réputation, pour savoir à quel point il abhorrait les escaliers - ainsi que tout effort physique en général.

Conscient de tirer sur la corde, il offrit à Azalée un regard plein d'excuses - du moins, autant que ses yeux ternes pouvaient en contenir - et plongea une main dans sa poche pour en sortir une graine de potiron fraîchement grillée. Une délicatesse d'automne qu'il avait réussi à préserver même jusqu'en hiver.

- Tu en veux ? C'est bon. C'était une sorte de troc, ça aussi. Un en-cas contre un service, c'était assez équitable, non ?

HRP:

» N'est-il pas triste de découvrir un mini portant un masque ? Se cachant derrière, afin que plus personne ne puisse la blesser ! Réussirez-vous, gentes gens, à détruire le mur qu'elle a bâtie autour d'elle-même ? - Azalée Chantebrume
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